Choisir entre paracétamol et ibuprofène pour soulager une douleur ne devrait pas poser de problème, à condition de bien connaître leurs différences en termes de dosage, de mode d’action et parfois d’indications.
Une question de dose ?
Pour un adulte, un comprimé contient 500 mg ou 1 gramme de paracétamol, et 200 ou 400 mg d’ibuprofène. La dose maximale de paracétamol est de 3 grammes par jour (4 grammes lorsqu’elle est prescrite par un médecin). Celle de l’ibuprofène est de 1,2 gramme par jour.
Rappelons qu’en dehors d’une prescription médicale, il faut, pour l’un comme pour l’autre, prendre la dose efficace la plus faible, pendant la durée la plus courte possible, en respectant un délai d’au moins 4 heures entre deux prises, voire plus prudemment de 6 heures. Ce délai peut être porté à 8 heures pour le paracétamol, notamment en cas d’insuffisance rénale ou de risque d’hépatotoxicité [1].
Comment agissent le paracétamol et l’ibuprofène dans le corps ? Modes d’action
Alors que l’ibuprofène appartient à la classe des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), le paracétamol, en France, n’a pas réellement de classe thérapeutique définie en lien avec son mode d’action, tant celui-ci reste complexe. On s’interroge donc toujours sur son mode d’action, contrairement à celui de l’ibuprofène, bien connu, puisqu’il agit en empêchant la production de médiateurs de l’inflammation (les prostaglandines). Cette action, dite périphérique, consiste à contrecarrer l’excitation des terminaisons nerveuses douloureuses par les prostaglandines, directement au niveau de la lésion.
Cette différence de mode d’action permet, sous certaines conditions et dans le cadre d’un bon usage, de prendre les deux médicaments au cours d’une même journée [2].
Paracétamol et ibuprofène : une efficacité plus ou moins spécifique
Le paracétamol et l’ibuprofène sont tous deux des antalgiques. Toutefois, l’action de l’ibuprofène sur les prostaglandines lui assure une meilleure efficacité pour traiter certaines pathologies liées à un processus inflammatoire, comme les règles douloureuses ou les crises migraineuses (après un premier avis médical). Néanmoins, son effet anti-inflammatoire n’apparaît qu’à des doses supérieures à celles généralement recommandées.
En revanche, les autorités de santé privilégient le paracétamol comme antalgique de première intention, en raison de sa bonne tolérance.
Des limites d’utilisation à connaître
Le paracétamol bénéficie généralement d’une bonne tolérance, avec peu d’effets indésirables lorsqu’il est utilisé sur une courte durée et à la dose efficace la plus faible possible. Son utilisation est possible chez les personnes fragiles, comme les femmes enceintes ou allaitantes.
À contrario, l’ibuprofène n’est pas recommandé aux femmes enceintes et totalement contre-indiqué dans le dernier trimestre de la grossesse. Sa prise est également déconseillée, entre autres, chez les personnes ayant des antécédents ou un risque d’ulcères liés aux AINS. Il est préférable de ne pas l’utiliser sans avis médical en cas de pathologies chroniques. Il est aussi à proscrire en cas d’antécédents d’asthme ou d’allergie après la prise d’un AINS, y compris l’aspirine. La prudence est de mise en cas de suspicion d’infection respiratoire ou cutanée (par exemple, pneumonies bactériennes ou infections de la peau liées à la varicelle).
Dans ce "match" de la tolérance, le paracétamol sort globalement gagnant, sauf chez les adultes de faible poids (moins de 50 kg) ou en cas d’alcoolisme chronique, qui peuvent être plus sensibles à une atteinte hépatique grave due à un défaut de détoxication d’un métabolite hépatotoxique du paracétamol.
Dans tous les cas, que ce soit pour le paracétamol ou pour l’ibuprofène, un usage de plus de 3 jours en cas de fièvre, ou de plus de 5 jours en cas de douleur, mérite un avis médical. Il est toujours utile de demander conseil à votre pharmacien, et d’autant plus si des symptômes inhabituels surviennent après la prise.
Ce qu’il faut retenir pour un usage sûr des antalgiques
Paracétamol et ibuprofène sont des médicaments efficaces et facilement accessibles, qu’il faut pourtant utiliser avec prudence et uniquement lorsqu’ils peuvent être efficaces (douleurs faibles à modérées).
- L’ibuprofène est plus indiqué pour traiter des douleurs spécifiques, comme les règles douloureuses
- Le paracétamol présente l’avantage de pouvoir être utilisé pendant la grossesse, sous certaines conditions.
Toute utilisation sans avis médical pendant plus de 3 jours en cas de fièvre, ou plus de 5 jours en cas de douleur, est déconseillée. En cas de doute, en particulier si vous souffrez d’une pathologie cardiaque, rénale ou hépatique, il est essentiel de consulter la notice des médicaments et de demander conseil à votre pharmacien, ou si nécessaire, à votre médecin.
Références :
Paracétamol : sécurisation de la dispensation - 08 avril 2025 - https://www.ameli.fr/hauts-de-seine/pharmacien/sante-prevention/paracetamol-securisation-de-la-dispensation
Article Paracétamol - Pharmacomédicale https://pharmacomedicale.org/medicaments/par-specialites/item/paracetamol
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) : ibuprofène, kétoprofène, acide acétylsalicylique… - ANSM -https://ansm.sante.fr/dossiers-thematiques/medicaments-de-la-douleur/les-anti-inflammatoires-non-steroidiens-ains-ibuprofene-ketoprofene-acide-acetylsalicylique
Fiches résumé caractéristique du produit ibuprofène 200 et 400 mg et paracétamol 500 et 1000 mg - Base de données publique des médicaments.
[1] Paracétamol : sécurisation de la dispensation - 08 avril 2025 - https://www.ameli.fr/hauts-de-seine/pharmacien/sante-prevention/paracetamol-securisation-de-la-dispensation
[2] https://pharmacomedicale.org/medicaments/par-specialites/item/paracetamol